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Crédit consommation : vers un durcissement de son octroi ?

Mise en ligne le 28/09/2022 à 07:57

En 2022, les Français ont beaucoup emprunté pour faire face à l'inflation, au risque pour certains d'impacter leur situation financière.

Sera-t-il plus difficile d’obtenir un crédit consommation ?   

En dépit des hausses de taux successives depuis le début d’année 2022, les Français n’ont pas ralenti le rythme et ont continué d’emprunter ; ils ont même emprunté davantage afin de contrer les effets de l’inflation. Cependant, pour certains ménages, la souscription à un crédit consommation risque de dégrader leur situation financière. Les établissements financiers au vu de ces constatations sont face à un choix cornélien : continuer à délivrer des crédits pour permettre aux Français de retrouver du pouvoir d’achat ou bien limiter leur octroi afin de restreindre les risques de surendettement ou de mal endettement.   

Un très bon semestre 
Le premier semestre 2022 a été plus que bon et intéressant pour les banques en termes de crédit consommation. En effet, l’activité de l’ensemble des établissements spécialisés a connu une croissance à deux chiffres ! Par rapport à la même période l’année précédente, le montant des crédits nouveaux a augmenté de près de 11,7 %.  

Un chiffre particulièrement élevé au vu de la forte augmentation des taux de crédit consommation depuis le conflit en Ukraine au mois de mars 2022. Ils sont d’ailleurs repartis à la hausse cet été alors qu’ils stagnaient légèrement au printemps. A ce jour, on estime que les taux de crédit consommation sont près d’un demi-point supérieur à ceux de 2021.  

Ainsi, emprunter coûte cette année plus cher qu’en 2021, que ce soit pour acheter une voiture avec un crédit auto, refaire sa déco ou bien encore partir en voyage. Par exemple, en septembre 2022, pour un emprunt de 10 000 euros sur 48 mois, la mensualité était de 225,95 €, alors que l’année dernière, à la même époque elle aurait été de 224, 26 € soit une augmentation de la mensualité d’environ 0,7 % en l’espace d’une seule année.  

L’envolée du prêt personnel trésorerie 

L’automobile en déclin  
Bien qu’avec l’envolée des taux de crédit la conjoncture ne paraisse que peu favorable au crédit consommation, la montée en puissance de l’inflation a entraîné un petit peu plus d’austérité chez les ménages qui ont plutôt réduit leurs dépenses. En effet, on observe un recul de la consommation entre janvier et mars de 1,3 % et de 0,2 % entre avril et juin.  

Par ailleurs, la forte croissance du nombre de crédits consommation accordé n’est pas due au secteur automobile. En effet, avec la difficulté de s’approvisionner avec certains matériaux, les constructeurs automobiles ont essuyé des pénuries de véhicules neufs. Cette pénurie a entraîné une chute de 18 % sur une année des prêts affectés à cet achat. La LOA, location avec option d’achat a progressé mais seulement de 6%, bien loin derrière le niveau de croissance enregistré ces dernières années.  

La trésorerie : le nouveau moteur de la croissance  
Grande nouveauté ; ce sont les prêts personnels de trésorerie qui aujourd’hui dominent le marché. En effet, depuis le début de l’année 2022, ils ont connu une croissance de près de 17%, soit devant le niveau d’avant-pandémie. Ces chiffres témoignent de tensions sur le pouvoir d’achat, en effet, les emprunts sont destinés à couvrir des dépenses comme la santé, les études, les réparations, les factures etc … Sans l’inflation, ce sont des postes de dépenses qui auraient pu être couverts par les ménages sans crédit avant l’inflation.  

Les ménages sous tension 
Un autre signe qui démontre que le budget des Français est en peine est le nombre de Français inscrits au FICP, soit le fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers. Ainsi, le nombre d’emprunteurs inscrits au FICP à la suite d’un incident de paiement a augmenté de 25 % par rapport à 2021, ces niveaux sont au plus près de ceux d’avant Covid.  

Quid des banques ?   

Face à la situation et à l’augmentation du risque à prêter de l’argent, les établissements bancaires se posent la question de maintenir ou non l’accessibilité au crédit consommation dans les conditions actuelles. Un des leviers pour limiter les risques est d’augmenter les durées de remboursement. Or, c’est une situation qui a déjà été utilisée. En effet, là où il y a quelques années la norme des durées de prêts était de 60 voire 72 mois, aujourd’hui elle se situe à 84 mois. La marge est donc limitée pour les banquiers sur cette solution.  

La seconde option consiste à durcir les conditions d’octroi au crédit consommation. Autrement dit, restreindre son accès aux ménages les plus fragilisés. Certaines banques ont fait d’ailleurs ce choix aujourd’hui. Un établissement de crédit de renommée a averti ses partenaires commerciaux sur le fait qu’il sera dorénavant plus exigeant sur les garanties que les emprunteurs lui apportent, anticipant néanmoins une baisse de son niveau de production de près de 10 % dans les prochaines semaines.